Cuba libre, revolución y tocororo
Heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage.
Je pourrais aisément m’appliquer cet adage.
Je viens de vivre là une étrange expérience,
Dans un pays magique où la musique est reine,
Où chaque coin de rue vous capte, vous entraîne
Dans un rythme de salsa, parfois jusqu’à l’outrance.
Terre de contrastes, pays original,
Soleil si brûlant ou terribles ondées,
Îlot de communisme dans un monde libéral,
Cuba, tu m’as touché par ton charme désuet.
Des images sans cesse trottent dans ma tête :
Les Mogotes incendiées d’une lumière matinale,
Les rues de Trinidad aux maisons coloniales,
Patios luxuriants et barreaux aux fenêtres.
La Havane, mégapole aux maisons délabrées,
Mais tant chargées d’Histoire qu’à chaque coin de rue,
Au milieu des touristes écarlates et ventrus,
On croit voir apparaître la stature d’Hemingway.
Le rhum omniprésent dans les estaminets
Se décline en cocktails aux noms tous prestigieux :
Daïquiri , Mojitos ou bien Cuba Libre,
Vous enivrent juste assez pour vous sentir heureux.
Il y a ces jardins ou ces parcs nationaux,
Paradis des chênes roses ou bien des orchidées,
Et ce petit oiseau, emblème de cette contrée,
Au plumage bleu, blanc, rouge, nommé Tocororo.
Pour avoir choisi un système différent,
Pour avoir espéré un monde plus égal,
Depuis des décennies cet embargo pesant
Engendre pénuries et contraintes brutales.
Malgré tous ces obstacles, Cuba tu as trouvé
La force d’imaginer bien d’autres solutions :
Utilisant le cheval comme moyen de traction,
Ou vieilles américaines sans cesse recyclées.
Partout ces grands posters à la gloire de Fidel,
Et l’atmosphère mystique du Mausolée du Che
Se mêlent aux flonflons d’une fête universelle.
Tout cela pourra-t-il toujours coexister ?
Dans ce puzzle d’images reviennent deux figures :
Les deux guides cubains qui nous ont accueillis.
Grâce à leurs convictions et grâce à leur culture
Ils ont su partager l’âme de leur pays.
Chacun avec ses mots, chacun à sa manière,
Ils nous ont expliqué l’essence de leur terre.
Ces enfants de Cuba ont gravé ma mémoire
D’impressions ineffables, au-delà de l’ Histoire.
Abel le convaincu esquisse une salsa ;
Son regard franc relie le futur et le passé.
Avec la distinction et le calme d’une doña,
Nancy nous fait revivre la légende du Che.
Voilà, je suis au terme de ce curieux voyage
Qui, avec le recul, ressemble à un mirage.
J’avoue un peu de mal et même un peu de peine
À décrire au passé mon expérience cubaine.